mercredi, décembre 06, 2006

NOËL A DISNEYLAND RESORT PARIS : Entretien avec le show director Emmanuel Lenormand

Comme à chaque Noël, ce ne sont plus seulement les projecteurs qui illuminent les Walt Disney Studios à Disneyland Resort Paris, mais bien les milliers d'étoiles qui scintillent depuis le 11 novembre dans le parc du cinéma, s'ajoutant aux stars bien connues de la maison de Mickey. C'est bien à un nouveau Noël hollywoodien que nous invite encore cette année le show director Emmanuel Lenormand, avec son lot d'animations et spectacles de rue qu'il a su mettre en scène avec le talent qu'on lui connaît.
Mais ce n'est pas tout : il dirige également depuis trois ans du spectacle Mickey et la magie de l'hiver au Chaparral Theater de Frontierland, qui charme petits et grands pour sa neuvième année. Une longévité qui témoigne à coup sûr de la magie d'un show à la fois hilarant et poétique, à propos duquel Emmanuel Lenormand nous a parlé avec une tendresse et une passion communicatives.
Let it snow!
UN NOËL HOLLYWOODIEN AUX WALT DISNEY STUDIOS

Quel est l’esprit de ce Noël aux Walt Disney Studios ?
On reste dans l’esprit d’Hollywood, qui reste le cadre des Walt Disney Studios. Et à Hollywood, il y a bien sûr des acteurs qui jouent le Père Noël. Sauf que, chez nous, c’est un petit peu différent car cet acteur, c’est Dingo ! C’est donc un Père Noël hollywoodien, avec un costume blanc et or, à paillette, et une énorme Cadillac avec plein de jouets dessus, d’où il accueille tous les enfants, à l’entrée du parc ! C’est la première « Christmas touch » !



Les studios scintillent aussi de mille décorations.
C’est un autre style que le Parc Disneyland, très lumineux, plein d’étoiles. Mais l’essentiel des festivités de Noël se déroule dans Studio 1.



C’est en effet le lieu où se déroulent les spectacles de rue.
On y retrouve ainsi Ciné Folies, ce spectacle que j’ai créé il y a quatre ans, que j’ai adapté pour Noël. Il s’agit toujours d’une équipe de tournage qui débarque à Studio 1 avec réalisateur, perchman, acteurs, etc, et qui a besoin de l’aide du public pour tourner une scène car il manque soit un assistant, soit un figurant, etc. Mais pour Noël, j’ai imaginé cinq nouveaux scénarios. Le premier est une publicité kitch comme on en voit en ce moment à la télévision pour des chocolats. Là, on a besoin d’enfants pour jouer des petits lutins, et de plus grands pour jouer les assistants. Il y a ensuite « Christmas Shopping », une scène de grand magazin dans laquelle le comédien est tellement mauvais qu’il faut le remplacer. Dans « Christmas Babies », on montre au grand public comment on fait des effets spéciaux au cinéma puisqu’on a un landau avec de faux bébés, de faux cris et un micro qui déforme la voix. Nous avons « Les Star Sisters chantent Noël ». Les fameuses vedettes des années 50 veulent chanter Rudolph, mais il y a des problèmes : il manque des chanteurs et un orchestre. Comment va-t-on faire ? Et le dernier s’appelle « Cascade en haute montagne », sur un petit pont de bois, dans un univers très bavarois. Deux stars tournent une scène et l’une d’elle refuse de faire sa cascade. Il faut donc trouver sa doublure !…


Cette ambiance bavaroise évoque aussi celle d’Edelweiss.
En effet. Là, ce n’est pas vraiment un spectacle, mais plutôt une ambiance musicale. Les guests sont accueillis plusieurs fois par jour par un orchestre. Il faut dire que j’ai toujours été un très grand fan de La Mélodie du Bonheur ; c’est un peu ma musique de chevet ! Avec cet univers de cinéma, cette ambiance, ces décors, je me suis dit que, pourquoi pas, on pourrait avoir un orchestre habillé en tyrolien qui pourrait interpréter des traditionnels de Noël, en alternance avec les airs principaux de La Mélodie du Bonheur, grand classique du cinéma hollywoodien, très populaire, notamment auprès de nos visiteurs anglais.

D’Hollywood à la Bavière, c’est vraiment un grand écart en termes de style !
En fait, à Hollywood, tout est possible. On a tourné des films sur l’Egypte, sur la montagne, sur la Chine. A partir de là, c’est la porte ouverte à tous les délires. L’important, quand on est dans un studio de cinéma, c’est, à chaque fois qu’on fait quelque chose, de pouvoir donner des références au public. C’est ainsi qu’on entend les premières notes d’un classique, le public sait tout de suite où on l’emmène. C’est la magie du cinéma, et de Studio 1.


Quels furent vos rapports avec Robert Fienga, l’arrangeur et chef d’orchestre du resort ?
C’est moi qui suis allé vers Robert en lui proposant d’arranger les airs de La Mélodie du Bonheur, et c’est en y réfléchissant ensemble que nous en sommes arrivés à la chanson Edelweiss qui donne son nom au spectacle.

MICKEY ET LA MAGIE DE L'HIVER
Venons-en maintenant à Mickey et la Magie de l’Hiver fête ses 9 ans cette année !
C’est un spectacle qui traverse les âges mais qui est toujours aussi populaire. Je l’aime beaucoup car c’est vraiment le divertissement familial dans lequel petits et grands en prennent plein les yeux.


Quels furent ses débuts ?
Tout a commencé un été. A Chaparral Theater, il y avait le rocher de Pocahontas, la grotte, la montagne, etc que l’on retrouve encore aujourd’hui. Le théâtre ayant une grande capacité, on s’est demandé comment l’utiliser toute l’année. Sous la direction du show director Christophe Leclercq, on a donc saupoudré de la neige sur les décors de Pocahontas, on a ajouté un chalet, des sapins, et on a créé ce spectacle, exclusivité de Disneyland Resort Paris, dans le style des comédies musicales des années 50, avec quelques standards comme Let it snow, It’s cold outside ou encore Walking a in a winter wonderland. C’est comme un livre que l’on ouvre sur l’hiver.

Du cartoon à la romance en passant par le western, Mickey et la Magie de l’Hiver est un modèle d’énergie et d’équilibre.
Comme vous l’avez dit, dans ce genre de spectacle, l’équilibre est quelque chose de crucial. Il faut que ce soit vivant, agréable à regarder, divertissant et qu’il convienne à tous les publics. Mickey et ses amis plaisent ainsi à tout le monde, les trois ours apportent la note humouristique, davantage destinée aux enfants, lorsqu’ils essaient de patiner et qu’ils se prennent gamelle sur gamelle, et le duo de patineur fait vraiment appel au patrimoine et à la poésie. C’est la raison pour laquelle je mets un point d’honner à vraiment chercher en amont de bons patineurs. C’est un casting assez difficile à faire car il faut savoir parler anglais et français, être bon comédien et danseur et en plus savoir patiner. C’est encore plus le cas pour les filles car je leur demande des figures bien spécifiques, pirouettes et sauts. Là, c’est vraiment de la technique. On écoute beaucoup la bande audio et il y a un entrainement intensif pendant un mois avant l’ouverture du spectacle dans une salle avec patinoire en backstage. Peut-être que les enfants y sont moins sensibles, mais par contre les adultes vont répondre très positivement à tous ces efforts et tous ces talents.

Quelle fut votre approche quand vous avez repris le spectacle, il y a trois ans ?
J’ai surtout voulu creuser les personnages et installer de vrais rapports entre eux. Quand j’ai écrit le spectacle, je me suis posé toutes sortes de questions en la matière. J’ai également ajouté toutes sortes d’accessoires au fil de ces trois années. Je trouve que cela raconte beaucoup et que cela apporte une vraie valeur ajoutée. L’histoire était claire dès le départ, mais j’ai voulu la rendre encore plus intéressante. Par exemple, quand Dingo s’aventure près de la grotte avec son épuisette, il se la fait arracher, mais on la retrouve à la fin, quand les ours ressortent, ce qui crée une corrélation entre les deux tableaux. Peut-être que certains spectateurs ne le remarquent même pas, mais je pense malgré tout que c’est ce qui rend ce genre de spectacle intéressant.

C’est aussi le fait qu’on découvre à chaque spectacle quelque chose qu’on avait pas vu auparavant qui nous pousse à y retourner !
C’est que, là où, pour un spectacle parisien, les gens y vont une voire deux fois, pour Mickey et la Magie de l’Hiver, on a des guests qui reviennent nous voir très régulièrement.

En tant que metteur en scène, pouvez-vous nous parler de la dimension cartoon de ce spectacle ?
Quand on travaille sur un tel spectacle, l’important c’est de savoir exactement ce que l’on fait et où on le fait. Là, nous travaillons dans un parc Disney. De fait –et c’est toujours le cas avec moi-, les personnages Disney sont toujours mis en avant. Les comédiens qui jouent Max et Kerry sont en fait des faire-valoir de ces personnages. C’est vraiment l’histoire de Donald qui est tranquille dans sa montagne, dans sa forêt, en train de pêcher, et qui va être dérangé par ce couple de vacanciers alpinistes. A partir de là, quand les autres personnages arrivent, il y a tout un travail sur la gestuelle qui est propre à Mickey et Minnie, et sur tous les jeux qu’il y a entre eux. Le succès des personnages vient du fait que les enfants les voient à la télévision tous les jours en vidéo ou en dvd, et il n’est pas rare que la solution d’une mise en scène se trouve dans les films eux-mêmes. Sur scène, il ne faut pas réinventer des choses qui existent depuis plus de trente ans. Je me rappelle, quand j’ai écrit le spectacle Peter Pan à la rescousse pour Adventureland, que j’ai passé des heures à regarder les aventures de Peter Pan et du Capitaine Crochet et à me plonger dans tous leurs dialogues afin que mon spectacle colle le plus possible au film et à l’image que les gens en ont. C’est ainsi que j’ai vraiment été très content quand mon frère est venu voir Mickey et la Magie de l’Hiver et qu’il m’a dit que voir Donald dans ce décor de neige lui rappelait les dessins-animés que nous voyions le dimanche après-midi. Par conséquent, on se doit d’être très attentif à ce genre de détails, notamment pour les enfants, car ils ont une excellente mémoire et souvent ils regardent là où les autres ne regardent pas. Ils voient tout, et c’est pour cela qu’il faut penser à tout si on veut bien s’adresser à eux.


En parlant d’enfants, une autre spécificité de Mickey et la Magie de l’Hiver est d’être un spectacle interactif.
Absolument. C’est une dimension qui avait été supprimée pendant trois-quatre ans et quand j’ai repris le spectacle, j’ai vraiment trouvé cela dommage. Avoir un enfant du public qui monte sur scène, et qui rentre ainsi littéralement dans le film, le tout souvent pris en photo ou filmé par les parents au caméscope, c’est vraiment quelque chose de magique. Pour lui, mais aussi pour les spectateurs car c’est toujours un moment charmant quand l’enfant parle dans le micro. Il peut raconter tout ce qu’il veut et cela s’accompagne souvent d’éclats de rires !

Tout cela donne un spectacle inoubliable et vraiment magique !
Tout à fait, la magie d’un spectacle, ce sont toutes ces surprises qui vous donnent envie d’aller jusqu’au bout en permanence. Au début, ce sont les personnages qui arrivent, puis ce sont les patins, la neige qui tombe et enfin les chevaux. Et puis, nous avons la chance que notre spectacle soit fait par des gens qui aiment vraiment ce qu’ils font, qui aiment vraiment Disney, et c’est une chose primordiale dans le succès d’un tel projet.

Est-ce que votre travail sur cette saison influence votre propre Noël ?
Je dirai avant tout que pour nous, c’est un peu spécial car nous commençons à préparer la saison et à repenser les concepts dès le mois de juillet, mais cela n’empêche pas que j’adore Noël à Disneyland Resort Paris. Main Street est magnifique, il neige tous les soirs, la parade est magique et le château tout illuminé. C’est pour tout cela que je viens très souvent à Disneyland Resort Paris avec des amis un peu avant le Noël en famille, et cela contribue totalement à la magie des fêtes !

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Bravo pour cette interview !!!

Bonne chance pour la suite

8:02 PM  

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