vendredi, août 08, 2008

WALL-E: Entretien avec Tim Hauser, auteur du livre "The Art of Wall-E"

Les livres "Art of..." (l'art de...) sur les films Pixar sont devenus une tradition. C'est une façon pour le studio qui a créé le premier film entièrement en images de synthèse de rappeler que leurs films ne sont pas dû uniquement à la dernière technologie, mais qu'ils parlent aussi d'art. De The Art of Monsters, Inc à The Art of Ratatouille, Chronicle Books a accompagné les efforts de Pixar pour faire partager cet art, et The Art of Wall-E ne fait pas exception à la ligne éditoriale de ces livres toujours appréciés.
Dans ce dernier livre, Tim Hauser, écrivain, créatif exécutif et producteur dans l'animation depuis plus de vingt ans, est allé en coulisses pour nous rapporter l'histoire de Wall-E et de son monde, de la manière dont il a été imaginé et créé jusqu'à ce qu'il vienne à la vie sur nos écrans. La très rare utilisation de dialogue dans le film a été un très gros défi pour l'équipe, car pour pouvoir communiquer des émotions comme l'humour, la tristesse, l'amour etc. il a fallut user de tous leur talent en matière de pantomime.
Pour en arriver à ce résultat, des dizaines de dessins préparatoires ont été réalisés, et le livre contient une myriade de ces "arts": storyboards, pastels, dessins numériques ou au crayon, études de personnages, scripts couleur et plus encore, agrémentés des explications de Tim présentant de nombreuses citations du réalisateurs, des artistes, animateurs et de l'équipe de production.
Ce livre est le compagnon artistique parfait du film qui a encore repoussé les limites de l'animation.



Tim, avez travaillé dans de nombreux aspects de l'animation. Mais comment tout cela a-t-il commencé pour vous?
J'ai commencé en tant qu'animateur à ma sortie de CalArt, puis j'ai travaillé comme auteur, créatif exécutif, et producteur dans l'industrie de l'animation, avec des emplois chez Walt Disney, Warner Bros et à la Fox. J'ai contribué à des productions telles que Beauty and the Beast, The Brave Little Toaster, et FernGully; The Last Rainforest, et j'ai créé l'histoire originale du dessin animé de Mickey nommé aux Oscars: Runaway Brain. J'ai aussi été éditeur pour le site SaveDisney.com de Roy E. Disney et Stanley Gold.
En plus du livre The Art of WALL-E, j'ai écrit The Pixar Treasures, qui doit être publié par les Editions Disney en 2009, et je suis aussi en plein travail pour The Art of Up pour Chronicle Book toujours pour 2009.


Comment en êtes-vous venu à écrire un livre d'art sur Wall-E?
J'ai connu à CalArt Ralph Eggleston, designer de production et Andrew Stanton, le réalisateur. Tous les deux ont aimé mes articles en ligne et ont été très gentils de me recommander pour le livre.

Comment avez-vous écrit ce livre?
Le processus pour le début de ce livre commence avec une idée pour le texte inspiré par une projection du story reel et une avant première des artworks de la production. Puis une série d'interviews a été arrangée avec des personnes clefs de l'équipe des créatifs, où j'ai pu sonder les créateurs du films alors qu'ils étaient simplement en milieu de production. Ensuite tout n'est plus qu'une question d'écriture et de réécriture.

Avez-vous été un simple observateur ou avez-vous eut l'occasion de discuter de différentes choses sur le film ou même de faire des suggestions qui ont contribué à la création du film?
Un observateur. Mon rôle est de transmettre aux lecteurs les intentions des créateurs du film en resituant cet art merveilleux dans son contexte.

Au regard de votre expérience en matière de production de film, qu'est-ce qui, pour vous, rend Wall-E si spécial?
Au travers de l'utilisation de pantomimes, Wall-E perpétue la tradition des histoires visuelles qui remonte aux acteurs des films muets par le biais des maîtres de l'animation.

Comment avez-vous sélectionné les œuvres qui allaient figurer dans votre livre sachant que Wall-E est un des films qui a demandé le plus grand nombre de dessins préparatoires?
Pour cela, il faut remercier le talent merveilleux de l'équipe de Wall-E. La sélection et la mise en page des matériels visuels a été le travail du designer de livre Laura Lovett, sous le regard d'artiste de Ralph Eggleston et de Kat Chanover, la manager de publication de Pixar. J'ai en fait fourni le texte qui est ma déclaration d'amour pour cet art de raconter des histoires visuellement!

Quel fut le processus pour rencontrer les artistes et examiner leurs artworks?
En fait, l'équipe entière de Wall-E n'aurait pas pu être plus impliquée. La passion de la création d'Andrew et l'enthousiasme pour son travail se ressent dans son cinéma. Et ce film me fait monter les larmes aux yeux (dans le bon sens), et ce déjà quand je n'en connaissais que l'histoire. J'ai vraiment beaucoup apprécié la relation de travail avec Pixar. Etant un des rares studios formant les artistes, Pixar exsude une générosité d'esprit, une joie de vivre et partage une certaine vision de la création à tous les échelons. A Emeryville, on est entouré par de l'art et des idées. C'est un peu comme un "Camelot" du dessin animé. Souvent, le travail le plus inspiré créé pour n'importe lequel des films d'animation est celui généré durant la pré-production, et je suis reconnaissant à Chronicle Books de m'avoir permis de présenter ces esquisses au public dans leur série de livres "Art of".

Actuellement dans l'animation, il semble y avoir beaucoup moins d'artworks créés sur papier, car même les concept-arts utilisent la voie du numérique (y compris les storyboards, faits avec le Cintiq). Que pensez-vous de cet aspect du développement des films d'animation?
Même si les programmes de story reels offrent beaucoup d'avantages dans la prévisualisation d'un film et son découpage, j'ose espérer que les storyboards traditionnels et les talents de dessinateur demeurent dans la boîte à outil des artistes. La spontanéité, la performance et l'invention partagée seront toujours essentielles pour créer une histoire visuellement, à partir d' éléments clefs qui ne peuvent être générés par les seuls scripts ou par des mises en scènes imaginées tout seul dans son coin.

Si vous pouviez choisir un seul artwork du film, quel serait-il et pourquoi?
Je suis particulièrement sous le charme du concept du vaisseau spatial "Axiom", avec son environnement ultramoderne destiné contenir l'échec de la vision utopique de l'humanité.


Lorsque votre livre a été planifié pour sortir avant la sortie sur les écrans du film, qu'en était-il du fait de publier quelques spoilers comme le design des "Gelatins", les études préparatoires des humains de l'Axiom?
J'ai averti mes amis d'acheter le livre dès sa sortie, bien entendu, mais de ne pas le lire réellement avant qu'ils aient vu le film! Nous avons tous besoin d'avoir quelques surprises plaisantes dans la vie, et regarder Wall-E sur grand écran en fait partie.

Il y a de nombreuses références à Walt Disney lui-même dans votre livre et à son “great, big, beautiful tomorrow”.
Il y a beaucoup de Walt Disney en Pixar. Sur de nombreux points, ce sont les studios qui suivent le plus les traditions de Walt de créativité et de qualité qui les emmènent vers de nouveaux mondes et de nouvelles technologies. Ils sont devenus les avocats de notre principale culture pour l'enfant qui est en nous.
Plus particulièrement, dans The Art of WALL-E, les membres du département d'art de Pixar expriment leur admiration pour le futurisme optimiste de Walt Disney dans son Tomorrowland de 1967, et ils décrivent la façon dont ce design a influencé leur concepts pour Wall-E. Je rêve qu'un jour, ce parcours d'inspiration termine son cycle et repasse alors de l'Axiom à Anaheim!


Traduction signée Scrooge. Avec nos remerciements!
Merci également à April Whitney (Chronicle Books) et à Cobain (http://artofdisney.canalblog.com/)