mardi, novembre 24, 2009

LE DRÔLE DE NOËL DE SCROOGE: Entretien avec le réalisateur Robert Zemeckis

Le Conte de Noël de Charles Dickens est l’un des histories les plus connues au monde. Ecrite en 1843, elle rassemble avec génie tant d’humour, de frayeur et d’émotion qu’on ne s’étonne pas que les cinéastes de tous poils s’en soient emparés pour en créer leur version, que ce soit sous forme de featurette, avec Disney, d’un film des Muppets ou de l’adaptation télévisuelle de la comédie musicale d’Alan Menken.
Aujourd’hui, c’est Robert Zemeckis qui se prête à l’exercice, au travers de sa technique de Performance Capture 3D. Mais l’essentiel de cette version ne repose pas sur la technologie –dont le réalisateur s’est fait le champion- mais, de l’aveu même du réalisateur, sur l’histoire, racontée au plus prêt du roman original.
Voici d’ailleurs ce qu’en disait Robert Zemeckis à la Presse en mai dernier à Cannes pour la promotion du film
.

Un Conte de Noël a été publié pour la première fois il y a presque 170 ans. Comment expliquez-vous qu’on en fasse encore des adaptations cinématographiques ?
Quand j’ai lu ce livre pour la première fois, j’étais jeune. Ce qui m’a le plus impressionné, c’était les voyages dans le temps, les fantômes ou esprits, et le suspense qui y régnait. Mais c’était aussi une histoire remarquablement humaine sur la rédemption, et cela bien sûr est éternel et universel. C’est une histoire qui a toujours des choses à nous dire...

Qu’est-ce qui vous a convaincu qu’il y avait de la place pour une nouvelle version?
Pour une simple raison : je pense qu’une bonne histoire peut être racontée et re-racontée un nombre incalculable de fois, et ce toujours différemment. Nous avons su que c’était le bon moment quand nous nous sommes rendu compte que toute la technologie dont nous avions besoin était là à notre disposition. Je suis toujours étonné de voir combien l’imagination et l’écriture de Dickens sont cinématographiques, avant même que le cinéma ne soit inventé ! Par exemple, dans la quasi-totalité des versions de cette histoire, le fantôme des Noëls Passés est joué par une femme en robe blanche ou avec un voile sur sa tête. Mais quand vous lisez l’histoire, vous vous rendez compte que c’est un jet de lumière qui émane de sa tête. Ce qui m’a enthousiasmé, c’est donc que j’avais maintenant les outils pour rendre vraiment justice à ce que Dickens a écrit en portant ces images surréalistes et fantastiques à l’écran !

Est-ce que Jim Carrey a été votre premier choix pour jouer Scrooge?
Absolument. Je savais que Jim serait parfait dans ce rôle. D’autant plus que je sais que c’est un grand perfectionniste et qu’il serait attentif aux détails et à l’intensité probablement davantage que n’importe quel autre acteur. Quand Jim joue, il ne fait pas que donner sa voix. Chaque muscle de son corps se transforme et exprime le personnage. Il est vraiment magnifique en Scrooge !

Je crois qu’il joue d’autres personnages du film.
Oui. Il joue les trois esprits : celui des Noëls passés, des Noëls présents et des Noëls à venir. Il y a d’autres acteurs qui jouent plusieurs rôles dans le film. Bob Hoskins tient deux rôles et Gary Oldman joue le fantôme de l’ancien associé de Scrooge, Marley, ainsi que le clerc de Scrooge, Jacob Marley et le fils de Cratchit, Tiny Tim. Nous avons un plateau d’acteurs merveilleux, avec également Robin Wright Penn et Colin Firth.

En tant qu’américain, cela a-t-il été difficile d’adapter un classique de la littérature anglaise ?
Nous avons apporté beaucoup d’attention aux détails et notamment aux accents. Nous avions des spécialistes de l’anglais britannique avec nous toute la journée. Ceci dit, beaucoup de réalisateurs anglais font des films sur l’Amérique, souvent tellement bien qu’on ne le remarque même pas. Je pense donc que cela peut marcher dans les deux sens !

Pour vous, quel est l’apport de la 3D ?
Je pense que lorsque la 3D est faite correctement, vous vous sentez immergé dans le monde projeté sur l’écran. Mais la technique de motion capture apporte également beaucoup. Cela donne une véritable pureté au niveau des interprétations que celles-ci sortent de l’écran. Et dans la mesure où le film a été produit numériquement, cela vous permet d’avoir des images de Londres qu’il aurait été impossible de tourner de façon conventionnelle car le Londres de Dickens n’existe bien évidemment plus.

Comment trouver le bon équilibre entre pousser les limites de la technologie et raconter une bonne histoire ?
Le cinéma a toujours été un mélange entre art et technologie. Un gros plan est un effet spécial. Le son a été une nouveauté en son temps. Mais aujourd’hui, en regardant un film, plus personne ne songe à tout ce qu’il y a derrière l’enregistrement d’une voix. Et ce sera pareil pour la 3D dans peu de temps. On ne va bientôt plus prêter attention à la qualité de l’image pour mieux se laisser transporter par elle. La technologie devrait toujours être au service de l’histoire, pas le contraire. Mais ce qui est remarquable quand vous lisez Un Conte de Noël, c’est qu’il est écrit comme si Charles Dickens l’avait dès le départ envisagé comme un film. C’est un récit tellement visuel et cinématographique que je tenais à utiliser le dernier cri de la technologie pour raconter cette histoire que, je pense, Dickens a dû visualiser comme un film dans son esprit.

Donc, au final, on en revient toujours à l’histoire.
Absolument et, par chance, dans Le Drôle de Noël de Scrooge, nous avons une histoire formidable. Imaginez l’homme le plus méchant au monde et montrez lui ses erreurs… vous êtes partis pour une grande aventure !
Interview (c) Disney