mercredi, janvier 27, 2010

L'ART DE LA PRINCESSE ET LA GRENOUILLE: Entretien avec l'auteur Jeff Kurtti

Que vous soyez un lecteur assidu des livres Disney ou un aficionado des DVD/BluRay, vous n'avez pas pu rater Jeff Kurtti. C'est un historien Disney renommé. Il est l'auteur de plus de 20 livres, pour la plupart sur l'animation Disney et l'Imagineering, qui sont devenu des références. Il est aussi réalisateur et producteur de certains des meilleurs bonus que l'on peut voir sur les DVD Disney.

Il est l'auteur du livre très attendu sur l'art de la princesse et la grenouille, qui nous dévoile les très riches concepts arts ainsi que les illustrations qui ont inspirées les animateurs du film, au travers des concept des personnages, du storyboard, des pastels en couleur et des croquis complexes des scènes, ainsi que les histoires des coulisses et les idées de l'équipe créative du film.


Qu'est-ce qui vous a intéressé dans l'écriture du livre "l'art de la princesse et la grenouille"?
Je suis fan de l'animation Disney depuis ma plus tendre enfance, et j'ai écrit dans le passé de nombreux livres ayant rapport avec l'animation, et donc lorsque l'on m'a demandé d'écrire "l'art de la princesse et la grenouille", j'ai été très flatté et en même temps très excité!

Vous avez commencé à écrire sur l'Imagineering et les parcs Disney. Qu'est-ce qui vous a conduit vers l'animation (au travers des documentaires et des livres)?
J'ai effectivement commencé à écrire sur les sujets Imagineering et parcs, mais mon intérêt pour Disney a toujours été plus large culturellement. Enfant, les film et l'animation m'étaient bien plus accessibles, et les recherches bien plus faciles. C'est pourquoi mes premières recherches sur Disney étaient sur la biographie de Walt et des Studios, ainsi que les fondements de l'animation. Ce n'est que plus tard que j'ai pu agrandir mon champ d'action dans l'étude de Disneyland puis plus tard de Walt Disney World.


A partir de quand avez vous été intéressé d'un point de vue personnel dans le film "la princesse et la grenouille"?
Je pense que comme la plupart des fans de l'animation Disney, mon intérêt a débuté quand j'ai entendu que Ron et John avaient été rappelé aux Walt Disney Animation Studios alors qu'on les avait laissé partir pendant un certain temps. Je savais qu'un tel changement, n'était pas effectué sans vouloir utiliser leur talents, et leur talent est tel qu'il allait sûrement émerger un nouveau projet intéressant.

A quel stade de la création du film avez vous commencé à travailler sur le livre?
J'ai commencé fin 2008, environ un an avant la sortie en salle.

Pendant combien de temps avez vous travaillé dessus?
Mon ami Richard Sherman avait donné une réponse pour une question similaire: quand on lui demande combien de temps ça lui prend pour écrire une chanson il dit: "toute votre vie, plus le temps de la coucher sur le papier". J'ai étudié l'animation pendant des dizaines d'années et j'ai écrit des livres, et produit des documentaires, il y a beaucoup de préparation qui n'est rien en comparaison d'écrire réellement le livre. J'ai passé quelques semaines à interviewer plus de trente personnes de l'équipe de production, et ensuite plusieurs semaines supplémentaires pour élaborer le manuscrit. Puis il y a eu un long processus éditorial, car le manuscrit a été révisé et repensé pour s'intégrer dans l'ensemble du livre

Comment se sont passées les interview avec les artistes Disney?
Dans la plupart des cas, c'était vraiment une réunion joyeuse avec les personnes que je rencontrais, avec qui j'avais déjà travaillé ou connu avant. L'atmosphère était détendu et chaleureux, et tout le monde était réellement enthousiaste et optimistes de revenir chez Disney pour faire un film dessiné à la main.

Avez vous eu carte blanche pour choisir les personnes avec qui vous vouliez parler?
Le producteur et les réalisateurs ont choisi les membres clef de l'équipe pour mes interviews, leur aide et leur point de vue étaient essentiels, sinon j'aurai navigué en aveugle, et travaillé bien plus dur, pour savoir qui avait les bonnes informations et les bonnes étapes de production.

Pouvez vous me parler plus en détail de vos rencontres avec les créateurs du film?
J'ai travaillé avec la plupart de ces artistes sur des projets antérieurs, et c'est toujours aussi fascinant de s'asseoir et de parler avec eux. Etre témoin de la dynamique entre Ron et John est intéressant, leur façon de partager une conversation donne une bonne idée de la façon dont ils travaillent en équipe, comment leurs pensées s'organisent ensemble, et où ils divergent pour créer le duo à succès qu'ils sont devenu depuis de nombreuses années et sur de nombreux projets.

J'ai remarqué que la majorité des personnes à qui j'ai parlé, en plus de leur talent d'artiste, passent beaucoup de temps à étudier et à penser à ce qu'ils font, comment ils le font, ce que cela signifie. Ils ne déroulent pas simplement des séquences de production, mais vont vraiment à l'intérieur du processus technique, de la valeur culturelle, et de l'importance historique de ce qu'ils font.

Il en découle un plaisir de les interviewer, et la profondeur du dialogue et les informations que nous partageons, et que nous passons au lecteur, est bien plus qu'une simple interview question/réponse, mais donne une perspective global de la perception de leur art.

Quel est l'ambiance que vous avez ressentie quand vous avez rencontré les artistes? Ressentiez vous une excitation spéciale à propos du film?
Il y avait réellement de l'excitation et de l'optimisme et aussi de la gratitude. Pas seulement pour avoir encore une fois la possibilité de faire un film Disney dessiné à la main, mais aussi pour travailler avec toute une série de personnes talentueuses.

A quel type de matériel avez vous accès?
Pratiquement tout ce qui a été généré pour le film. Dans la plupart des cas, je laissais les décisions sur l'art aux créateurs des films et les designers des livres, car leur plus value était équivalente à la mienne pour le produit final. Dans le cas d'un livre sur "l'art de.. ", en fait, les images sont plus importantes que le texte. Le texte doit être là pour servir l'art et créer le contexte adéquate pour le lecteur.

Le désigner du livre, Glen Nakasako de Smog Design Inc., a vraiment fait un travail remarquable, que ce soit en terme d'organisation de l'art ou d'organisation interne harmonieuse du livre en lui-même.

A un moment dans le livre, le superviseur de l'histoire, Don Hall dit que le tableau de création de l'histoire n'avait aucun texte car l'histoire devait tout d'abord être racontée visuellement. Pouvez-vous me parler de la force visuelle du film?
Typiquement, l'animation est un média visuel, le travail sur l'histoire de base est toujours un petit peu en avance ou simultanée avec le script et le dialogue. C'est l'une des raisons pour laquelle l'animation est vraiment une forme d'art international. Les idées sont transmises au travers des formes, des couleurs des lumières des mises en scènes.

Il y a de nombreuses façons d'approcher un "making of" et un "art de" d'un film. Vous avez choisis d'organiser notre voyage géographiquement, de la Nouvelle Orléans, au garden district puis au Bayou. Comment en êtes vous arrivée à cette (brillante) idée? Pouvez vous nous expliquer pourquoi et nous en parler un peu plus?
En fait l'idée vient de l'éditeur initial du livre, Sarah Malarkey, et cela était un principe organisateur logique car les localisations sont fondamentales pour l'histoire et l'ancrage des personnages. Chaque localisation a aussi fourni une façon naturelle d'organiser à la fois le développement des personnages et du processus de l'art du film.

Il a beaucoup été dit que "la princesse et la grenouille" est un retour aux grands classiques Disney. Mais je préfère la façon dont Ian Gooding le présente à la fin du livre, en disant qu'il sont essayé de "tout réinventer". Ce n'est pas simplement une redécouverte des traditions, c'est vraiment les réinventer. Qu'avez-vous avez perçu de la part des artistes, lorsque vous réalisiez votre livre, qui pourrait expliquer cette phrase?
Depuis que l'animation à la main a évolué dans son procédé, dans sa plus récente réincarnation, dans le milieu des années 80, il y a eu un certain niveau de processus de production qui ont été mis en place. Quand Disney a arrêté l'animation à la main, tout les processus et tout ce qui permettait de réaliser le film à la main a été démantelé, y compris les tables à dessin des animateurs et le papier à dessin d'animation.

Donc, en plus de redécouvrir les traditions, les créateurs du film ont eu la responsabilité de rétablir toutes les procédures de production, et pour beaucoup de personnes, le luxe de se conformer à ce qui existait, devenait un processus lourd et moins capable de s'adapter aux rapides changements et aux modifications au pied levé.

Les artistes qui ont travaillé sur "la Princesse et la grenouille" ont puisé une partie de leur inspiration dans le film "La Belle et le Clochard", le dernier film animé de Walt Disney qui souhaitait être réaliste, avant les films plus stylisés comme La Belle au bois dormant ou les 101 Dalmatiens. Donc la fin d'une ère "La Belle et le Clochard" a aidé à faire surgir une nouvelle ère (et heureusement, un nouvel age d'or de l'animation à la main). C'est amusant, n'est-ce pas?
Le plus grand avantage que Disney possède au niveau de l'animation est l'engagement institutionnel sur le médium et l'habileté de dessiner depuis presque un siècle, sur ce type de support, en ayant acquis méthodologie, technique et inspiration. Chaque nouveau projet est un cran au dessus du précédent, que ce soit par la technique ou par la mémoire d'un artiste qui a vu un film Disney lorsqu'il était enfant.

Chaque chapitre de votre livre est présenté par des paroles tirées des chansons de Randy Newman. Dans le même esprit, les derniers chapitres de votre livre sont intitulés "Coda", qui est aussi un terme musical. Pouvez-vous me parler de l'idée d'avoir une telle coda, qui est très inhabituel au regard des autres livres "l'art de.." publiés par Chronicle Books?
Il m'a semblé qu'il y avait un besoin d'aller plus loin que la structure de l'"art" et de s'attaquer à l'habileté de la production, car ce film est en quelque sorte une résurrection, un lieu pour les créateurs de film d'exprimer ce qu'ils savaient faire avec leur art, et de présenter certaines émotions et des témoignages que presque tous ont mentionnés.

Quel a été le meilleur moment dans la création de ce livre?
Personnellement, pour moi, le meilleur moment ou les meilleurs moments ont été l'idée de retourner à Disney Animation, et d'être là à parler avec Ron et John, Eric Goldberg, Mike Surrey, Mark Henn, Andreas Deja, alors qu'il y a quelques années, je pensais que je ne ferais plus jamais ça avec ces personnes.

Quels sont les meilleurs moments que vous avez eu lors des interview?
Dans la plupart des cas, les personnes que j'ai interrogées sont tellement tournées vers leur art de façon de façon globale (forme, histoire..), que nous sommes allé loin des chemins de la production, et, à la fin nous discutions de films et d'artistes d'il y a des dizaines d'années ou de nos précédents travaux ensemble sur les coproductions passées.

Pouvez vous me parler de vos futurs projets, que ce soit en vidéo ou en écrit?
Je viens juste de terminé un très beau travail, peut être le summum de ce que j'ai fait, j'ai été le directeur créatif initial puis le consultant contenu, et le producteur média pour l'exposition au Walt Disney Family Museum à San Francisco. Que la fille et le petit fils de Walt Disney me demande pour un tel projet, et passe cinq ans à me raconter la vie de Walt Disney d'une façon qui parle à toutes les générations, a été tout simplement impressionnant.

Je travaille maintenant sur quelques gros projets pour mes amis de la Disney Cruise Line et leur nouveau bateau spectaculaire, le Disney Dreams qui sera inauguré en janvier 2011, et je fais aussi un livre sur le bateau pour les éditions Disney.

Enfin, actuellement, je travaille sur "l'art de Rapunzel" pour Chronicle Books, qui doit sortir en même temps que le nouveau film d'animation Disney en décembre prochain.


Avec tous nos remerciements à Jeff Kurtti et April Whitney de Chronicle Books. Merci également à Scrooge pour sa traduction!!!

mercredi, janvier 06, 2010

LA HAUT EN VIDEO: Entretien avec le superviseur de l'histoire et metteur en scène de La Mission Spéciale de Doug, Ronnie del Carmen

Nous avons tous été touchés par Là Haut, dès le début de la remarquable et très touchante séquence d'ouverture, narrant sans parole la vie de Ellie et Carl et, ainsi que Enrico Casarosa nous l'avait expliqué, cela est dû en grande partie au travail de Ronnie del Carmen.

Ronnie del Carmen a rejoint Pixar Animation Studios à l'été 2000 pendant la production du Monde de Nemo, en tant que superviseur d'histoire sur le film. Il a fait a conception de production sur le court métrage nominé aux Academy Award: One man Band, mais aussi le travail sur l'histoire de Ratatouille le film qui a gagné un Oscar, et fut le responsable de l'histoire de Là Haut, dirigeant aussi le court métrage "La mission spéciale de Doug" à destination du DVD et du Blu Ray.

Il a grandit dans les Philippines, et dès son plus jeune age il a été passionné par l'animation, regardant des dessins animés religieusement, particulièrement les Disney's Wonderful World of Color. Il appréciait spécialement Donald Duck. Il adoré ce personnage excentrique avec un caractère fougueux et bien trempé. Fantasia, Dumbo ainsi que d'autres dessins animés Disney ont provoqué le besoin d'aller plus loin pour Ronnie. Son intérêt dans l'animation l'a conduit vers l'art et les films. Il fut influencé par diverses sources comme les bandes dessinées de Carl Bark, les monstres et les films de science fiction, les films d'Alfred Hitchcock et David Lean, les illustrateurs, les graphistes, et les artistes tels que Bill Peet, Ollie Johnston et Mary Blair. Il a même été embauché pour un travail de peintre sur le plateau d'Apocalypse Now, filmé sur place lorsqu'il n'avait que quinze ans.

Ronnie Del Carmen est allé à l'université de Santo Tomas aux Philippines, où il obtint un diplôme de Fine Arts in Advertising. Il commença à travailler en tant que directeur de publicité pour des campagnes télé et journaux, mais il savait que son cœur le ramenait vers le cinéma. Il déménagea alors aux Etats Unis en 1989 et fut embauché comme artiste storyboard sur Batman: la série animée. Il travailla alors pour Dreamworks en tant que superviseur d'histoire. Occasionnellement s'essayait à la bande dessinée pour DC et Dark Horse et il a même auto publié ses propres œuvres. Voici ce qu'il nous a dit sur Là Haut lorsque nous l'avons rejoint à une table ronde virtuelle initiée par Walt Disney Home Entertainment:


Là haut est le dixième film Pixar et a reçu de nombreuses félicitations, les meilleures que Pixar ait pu avoir sur ses films. D'après vous, quels sont les éléments de l'histoire qui ont conduit au succès de Là Haut?
Pete Docter a demandé une histoire au sujet d'un vieil homme qui tenait une brassée de ballons multicolores. Aucun de nous n'aurait pu rêver que le film serait si bien reçu. A l'époque toute notre volonté était dirigée sur la façon de raconter l'histoire d'un homme âgé qui fait s'envoler sa maison pour tenir une promesse. Faisant partie de l'équipe qui a créé le film, je suis trop proche pour être objectif, mais voici ce que je pense: c'est à cause de la vérité des émotions du voyage de Carl. Les éléments fantastiques, les moments amusants, et les dialogues délivrent une expérience agréable et impressionnante, mais nous avons tous le sentiment que nous avons ressenti quelque chose de vrai lors de ce voyage.

Quel est le niveau de développement des projets Pixar en terme d'histoire et quelles sortes de ressources sont nécessaires pour être sûr que Pixar continue de fournir des histoire aussi acclamées par la critique?
Toutes nos histoires prennent un long moment pour être développées. Parfois un réalisateur écrit un pitch de l'histoire à lui tout seul durant un certain temps. Après ce pitch, John Lasseter guide l'histoire avec le réalisateur et l'écrivain. Andrew Stanton s'implique aussi et donne aussi d'autres couches à l'histoire. Nous dessinons les premières ébauches, écrivons les scripts et faisons les ébauches de l'histoire, encore et encore. Puis nous l'affichons pour toute la compagnie, et ainsi nous avons des notes de tout le studio. Ensuite nous avons le "Brain Trust" (comprenant les directeurs, les responsables de l'histoire et l'équipe de direction et plus encore) qui donnent leur ressenti et leurs commentaires pour aider cette ébauche. Nous avons aussi un public de test, qui regarde le film et nous leur demandons ce qu'ils en pensent: c'est un très très long voyage.


Y A-t-il des éléments de Là Haut pour lesquels vous avez particulièrement insisté et/ou vous vous êtes battus pour les avoir dans le film?
Entre Pete Docter, Bob Peterson et moi, nous avons tous tenté d'aborder l'histoire d'une façon qui nous est proche. Notre collaboration se situe tout au long du film. J'ai gravité autour du drame et du poids émotionnel des scènes ou des moments. Le troisième acte a comporté aussi beaucoup de défis que j'ai aidé à affiner tout le long du film. L'histoire de Muntz est particulièrement troublante car il apparaît très tard dans le film. Nous avons aussi essayé plusieurs façons de finir le film. J'ai fais des séquences qui exploraient des fins viables en lesquelles je croyais vraiment. Cela fonctionnait, mais finalement nous avons pris certains éléments de ces explorations et nous les avons amalgamées pour faire la fin que vous voyez dans le film. Vous aurez la chance de voir plus de ces explorations dans le DVD et le Blu ray.


Quelle est votre scène favorite de Là Haut?
Mes scènes favorites sont les scènes sans paroles: la vie de mariée, où nous racontons l'histoire entière de la vie de Carl et de Ellie, ainsi que la scène à la fin du deuxième acte, où Carl s'assoit dans sa maison vide à Paradise Falls, pour feuilleter le livre d'aventures d'Ellie. J'ai tendance à obtenir les scènes dramatiques sur les films que je fais. C'était particulièrement important, car je devais transmettre histoire et émotions sans aucun dialogue. Je me souviens du dessin de Carl regardant le livre d'aventure et de ressentir des émotions en la dessinant. J'ai du faire une pause car j'étais trop impliqué dans l'instant et j'en pleurais. Quand nous regardions nos ébauches d'histoires, je voyais des gens essuyer une larme discrètement. Vous savez que vous avez trouvé quelque chose quand une poignée de ligne sur le papier fait pleurer les gens.

Carl et Russel sont à des étapes différentes de leurs vie, comment avez vous écrit les dialogues entre les deux personnages pour qu'il y ait une certaine alchimie entre eux?
C'est l'histoire de Carl et comment il s'est endurci et ne voulait d'aide de personne. En tant qu'écrivains, nous sommes familiarisés avec le fait de mettre nos personnages dans les arbres et de leur jeter des pierres pour ainsi dire. Russel est une grosse pierre que nous avons jetée à Carl. Il est l'opposé direct de Carl: libre, sans entraves et voulant aider tout le monde. De plus il a besoin du badge "assistance aux personnes agées". Nous savons que cela va sûrement excéder quelqu'un comme Carl. Ce type de conflit est amusant à voir et à écrire.

Vous êtes très connu en tant qu'artiste histoire, mais vous avez bien d'autres crédits.
Je fais de la conception de production, de l'écriture et de la direction, tous les talents nécessaires pour être un écrivain.. Quand nous avons commencé, nous n'avions pas de démarcation dans le travail, nous avons juste commencé à essayer de résoudre les problèmes créatifs. Cela signifie que je devais dessiner, concevoir, faire les plans de caméras, écrire et illustrer. Cela nous a tous aidé de toucher à toutes les parties du film en même temps. Ricky Nierva qui est production designer de Là Haut, et moi, nous nous asseyions cote à cote et nous discutions aussi bien des problèmes de production que des séquences de l'histoire. Tout au long de la production j'ai dessiné à main levé des solutions pour le film, au niveau de la conception, et de la rédaction. C'était génial, ça me manque!

Quel est l'impact que votre voyage d'étude au Venezuela a eu sur le film, et pensez vous que le film aurait pu être aussi bon sans cette expérience?
Ce voyage a été d'une aide inestimable pour nous. Cela aurait été plus simple de se contenter d'image et de vidéo des Tepuis, mais nous sommes sur par défaut que des lieux dont nous avons l'expérience. Sinon nous aurions fait des erreurs et nous n'aurions ensuite jamais été capable de le corriger plus tard. Nous ne savions pas à quel point c'était une vérité d'être là. Nous avions besoin de savoir comment serait le comportement de Carl en haut des Tepuis et nous n'aurions pu représenter ça sans réserves si nous n'avions pas expérimenté par nous même. Et les tepuis sont un lieu unique. Ils n'ont nul équivalent dans le monde: beaux et dangereux. C'est convaincant et plein d'appréhension en même temps. Nous sommes montés sur l'un d'eux: Roraima, et nous avons marché sur son sommet. Nous sommes allés à Angel Falls, les véritables chutes sur lesquelles les chutes Paradise Falls du film Là Haut sont copiées. Le décors, les bruits, les émotions que nous avons ressentis durant cette expédition nous ont aidés à recréer l'expérience de Carl durant son voyage.
Parmi les livres publié en même temps que le film, vous avez illustré le livre "Mon nom est Doug". Pouvez-vous nous en dire plus à propos de ce livre?
J'ai aimé travailler sur "Mon nom est Doug". Kiki Thorpe a écrit cette histoire fantastique sur Doug lorsqu'il cherche l'oiseau. Ce livre accompagne bien le film La mission spéciale de Doug car ils se déroulent tous les deux avant que Carl et Russell n'arrivent. J'ai été consulté sur tous les livres en relation avec Là Haut développés en même temps que le film, c'est pour ça que je connaissais l'existence de "Mon nom est Doug". J'ai proposé à d'autres personnes de prendre en charge l'illustration du livre mais aucune n'avait le temps. Je me suis alors décidé en pensant que comme mon travail de superviseur histoire touchait à sa fin, j'aurais du temps pour ces dessins. C'était faux bien sur. J'ai donc du faire ces dessins la nuit et les week end pendant quelques mois.

Kiki a été très généreuse de partager son histoire avec moi, j'ai donc fait des maquettes pour le livre, pour voir comment l'histoire se déroulait, un peu avec l'idée que j'écrivais une séquence pour une bande dessinée. Cette collaboration a prouvé qu'on pouvait obtenir un grand succès. Mais, j'ai du travailler d'arrache pied pour mener le travail à bien. Si vous êtes familiers avec les images, vous verrez qu'il y a beaucoup de feuilles. J'ai créé une bibliothèque des feuilles et j'ai pu peupler les dessins d'arbres et de choses sans avoir à les dessiner à chaque fois à partir de zéro. J'ai aussi créé des pinceaux numériques pour faire en sorte que les lignes ressemblent à un média sec comme de la craie.

Est-ce que Doug est l'équivalent Pixar de la longue tradition d'animaux faire valoir de Disney, ou est-ce que vous le voyez plus comme un personnage à part entière?
Doug a été créé très tôt dans le développement de l'idée du film, plus tôt que Russel. Il y avait un chien parlant, et nous ne savions pas pourquoi ou comment il pouvait parler, il le faisait tout simplement. Il était toujours là comme un acteur supporter. Il a toujours fait partie de l'histoire de Carl. Bien entendu après avoir développé Doug d'une façon si adorable, il semblerait que ce personnage mérite sa propre histoire, non? C'est pourquoi j'ai voulu raconter son histoire dans "La mission spéciale de Doug".

Qu'est-ce qui vous intéressé le plus dans le personnage de Doug?
Doug est un chien gentil; il a le cœur sur la patte. A cause de ça on profite de lui. Dans une armée de chien, il n'est absolument pas à sa place, à cause de son coté mignon et adorable. Vous avez de l'empathie pour lui, dès que vous le voyez. De plus la caractéristique de la voix que Bob Peterson a donné au personnage vous le rend adorable immédiatement.

Pourquoi avez-vous décidé de donner à Doug sa propre aventure dans un court métrage plutôt qu'à un autre personnage principal?
Doug débarque dans le film Là Haut en parlant d'une mission spéciale, et nous n'en avons plus jamais reparlé dans le film. Je me suis immédiatement demandé ce qui s'était passé. La mission spéciale de Doug est vraiment racontée de la façon dont Doug se souvient de ces instants. Doug a une attention tellement fragmentée, que la continuité n'est pas vraiment son fort. Doug est sans conteste le personnage le plus attachant du film, et vous n'avez qu'une envie, c'est d'en connaître plus sur lui. J'aimerais bien mettre en scène Alpha un jour, dont la voix est aussi jouée par Bob Peterson, de même que Gamma avec la voix de Jérome Ranft. Ces deux personnages me font craquer. Peut-être qu'un jour je m'y mettrais.
Quand avez vous commencé à travailler sur la mission spéciale de Doug et combien de temps cela a pris pour finir le court métrage?
J'ai eu l'idée du court métrage dès que le film est entré en production, dès la phase de layout. J'ai rapidement storybordé une version grossière et je l'ai exposé à Jonas Rivera et Pete Docter vers la fin du printemps 2008. Je me disais que j'avais finit avec la charge de l'histoire principale et que je pouvais attaquer le court métrage. Mais le troisième acte de Là Haut patinait, et je devais redoubler d'efforts. (Je devais aussi illustrer le livre "Mon nom est Doug", j'ai les yeux plus gros que le ventre.) Nous avons eut l'approbation de "La mission spéciale de Doug" par Disney en janvier 2009 et nous sommes immédiatement entré en production. Nous avons terminé en juin de cette année.

Quel difficulté y a –t-il eu à conserver la mission spéciale de Doug en dessous de 5 minutes?
Il y a eu beaucoup de torture et de défis pour Alpha Beta et Gamma. Mon moment favoris, et celui dont je me souviendrais pendant longtemps, est celui où Doug tombe d'un avion et s'écrase sur les autres chiens à la façon d'une bombe. Il devait y aller. Il y avait beaucoup de lignes de texte et de plaisanteries que Bob Peterson avait joué durant l'enregistrement que je n'ai pas pu utiliser et que j'ai du laisser de coté. Chaque image de l'animation est cruciale. Sur un autre niveau il y a la fin, dont le dialogue de Carl et Russel et la scène sont tiré du film Là Haut. Nous ne pouvions rien changer de cela, car cela aurait été couteux et troublant. De même nous pouvions utiliser uniquement le travail de génie que Michael Giacchino avait fait pour le film. Pas de nouvelle musique. Toutes ces contrainte ont réellement aidé le court métrage à être meilleur. J'ai beaucoup aimé travaillé dessus et je le referais avec plaisir.



Quelle est votre partie préférée dans la direction de La mission spéciale de Doug? Et quelle a été la partie la pus difficile?
Eh bien j'ai eu à diriger une histoire qui m'intriguait lorsque j'ai eu à développer le film. Doug est un tel personnage parfait, que les personnes impliquées dans le court métrage ont adoré travaillé avec lui. J'ai eu à travailler avec Pete Docter et Bob Peterson sur l'histoire alors qu'ils étaient en train de terminer le film. John Lasseter a regardé et m'a donné des conseils géniaux. J'ai eu à travailler avec des personnes géniales qui étaient là pour trouver des solutions créatrices à l'histoire que j'essayais de raconter. Et pour un bonne part, eh bien, c'est l'histoire à laquelle je pensais, mais tout en travaillant avec la contrainte de faire un film qui ne durait que 4 minutes et demie.

Avez-vous travaillé sur "la mission spéciale de Doug" avec Pete Docter et Bob Peterson?
J'ai travaillé avec Pete Docter et Bob Peterson sur "la mission spéciale de Doug". Leur implication était cruciale car nous avions tous trois toujours pris part à la narration de l'histoire du grand film. Il était sensé d'aller les voir pour avoir leur avis. Pete Docter pouvait voir d'autres potentiels dans les idées, et Bob Peterson pouvait me représenter immédiatement le personnage de Doug et ses nuances amusantes. C'était un rêve. Cela a très bien fonctionné de travailler avec ces gars, et j'espère que l'on sera réunis sur un autre projet prochainement.

Est-ce qu'un chien de vos amis vous a particulièrement inspiré dans la création de Doug? Etes-vous un amoureux des chiens?
Doug est plus particulièrement une création de Bob Peterson. Bob est Doug. J'ai du utiliser ma propre expérience des chiens pour dessiner les scènes de Doug. J'ai grandis avec un Berger Allemand dans la famille. C'était un grand chien, entraîné et alerte. Il ressemblait plus à Alpha en fait. Mais quand on jouait c'était juste un chien agréable. J'ai donc utilisé ces souvenirs comme référence.

Doug fait penser aux comédiens classiques comme Harold Lloyd, Buster Keaton et Stan Laurel. Dans quelle mesure cela a été intentionnellement écrit, et dans quelle mesure le personnage vient de la performance de Bob Peterson?
Nous aimons les films de Harold Lloyd, Buster Keaton et Stan Laurel. En tant qu'animateurs, nous gravitons entre communication visuelle et comportement, c'est ainsi que nous aimons jouer. Bob Peterson en tant qu'un des écrivains du film a créé et écrit la plupart de Doug. Nous avons utilisé d'autres idées de l'équipe ici ou là, mais initialement c'est Bob qui l'a créé. Pendant les sessions d'enregistrement, nous avons improvisé et expérimenté, et nous avons beaucoup utilisé ça, car, en fait, cet homme est drôle! Pour La mission spéciale de Doug, j'ai écris l'histoire et le dialogue, et Bob Peterson est venu à l'aide, en donnant sa performance de Doug et ses conseils. Je suis un homme heureux.

Avec la mission spéciale de Doug incluse sur le DVD et Blu Ray à venir, aimeriez vous voir une suite ou une sorte de suite avec Doug ou peut-être Russel et Doug, ou même Russsel et les autres chiens dans le futur?
J'aimerais absolument continuer à faire les histoires de Doug. J'ai une scène dans le storyboard original de La mission spéciale de Doug où on le voit faire voler un avion. Nous l'avons coupé à cause de la durée, et parce qu'elle semblait en désaccord avec les autres gags. Mais je souhaite encore un jour le voir dans un avion. Il y a des histoires dan ma tête qui raconte la façon dont il a rejoint le clan de Muntz. Doug dans ce clan, ça ressemble à une erreur. J'aimerais raconter l'histoire qui se déroula au tout début et qui raconterait comment il est arrivé là. Certainement Muntz et Doug, Russel et Doug… Carl et Doug aussi!
Tous nos remerciements à Scrooge pour sa traduction!
Et nos meilleurs voeux à tous pour 2010!